Blaton Patrimoine asbl

Blaton, le village aux 3 canaux.

La vocation de Blaton était d'être un village d'eau et de ponts : les sources sont nombreuses, les ruisseaux ont modelé son relief et les trois canaux donnent aujourd'hui à la localité une originalité même si l'un d'eux a dû être remblayé en partie.

Blaton reste, pensons-nous, le seul village en Belgique à être arrosé par trois canaux. Ceux-ci, à l'origine, avaient évidemment une vocation économique puisque, pour les deux plus anciens, ils permettaient le transport vers la Flandre et la France du charbon des houillères du Borinage et de Bernissart, du marbre de Basècles, des pierres et de la chaux des productions locales de Blaton, Basècles et Quevaucamps.

L'habitant, le touriste de passage ou le plaisancier peut se promener le long des canaux, pratiquer son sport nautique en amateur ou professionnel ou taquiner le goujon.

Cette magnifique situation aurait pu être un pôle d'attraction touristique si l'on n'avait remblayé une partie du canal de Pommeroeul, de l'église vers le pont dit du « Malot » dans la direction de Péruwelz.

En effet, un périple en bateau autour de l'île ainsi créée par deux canaux aurait été le paradis pour les romantiques d'hier et d'aujourd'hui. Ce qui aurait donné une aura de « Petite Venise du Hainaut » à notre beau village.

A ce jour, de plus en plus de plaisanciers redécouvrent nos beaux canaux et viennent à la belle saison visiter notre village lors d'une halte brève qui pourrait très bien devenir plus longue si les berges étaient aménagées en port de plaisance.

1. Le canal Pommeroeul-Antoing :

Le plus ancien de nos canaux fut creusé entre 1823 et 1826, ce qui constitue une réelle performance pour l'époque, pour mieux assurer la liaison Meuse-Escaut et surtout pour éviter les frais de péage exorbitants exigés par la ville de Condé à la frontière française.

Long de 25 km, il comportait 13 écluses dont 5 en remontée sur le territoire de Pommeroeul, d'Harchies et de Blaton, et 8 en descente vers Antoing, pour une dénivellation de 35 à 14 mètres.

Sa largeur était de 18,70 mètres et son tirant d'eau (2m10) permettait le transit des bateaux de quelque 350 tonnes.

Ses quatre premiers biefs, entre l'ancienne écluse de Malmaison, près d'Hensies, et le

large du « Progrès », où ce canal croise celui de Nimy-Blaton-Péronnes en un plan d'eau impressionnant, ont été conservés et, les écluses ayant été condamnées, sont devenus le paradis des pêcheurs et promeneurs.

Le seul tronçon subsistant d'environ un kilomètre, assure la liaison entre le canal d'Ath et le « nouveau canal » (comme les gens du cru continue à l'appeler malgré ses soixante ans !), tandis que la partie comprise entre Blaton et Péruwelz a été remblayée en 1958-1959.

2. Le canal Blaton-Ath :

Ce canal, le second par ordre chronologique puisque creusé entre 1864 et 1868, est toujours en activité même si, à l'exception de la fourniture d'orge pour la malterie de Beloeil, il est de plus en plus fréquenté uniquement par la plaisance. Ne manque d'ailleurs à ce dernier qu'un petit port à Blaton réservé à cet effet pour garder plus longtemps les touristes de passage.

Il présente une longueur de 21,5 Km et une largeur en crête de 17 à 19 mètres. Son tirant d'eau est de 1,90m. Il possède vingt-et-une écluses dont cinq sur le territoire de Blaton et dix jusqu'au bief de partage à Stambruges pour passer de 37 à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Cette voie d'eau est vraiment des plus paisibles et elle ne manque pas de pittoresque avec ses peupliers « droits comme des I, alignés comme des soldats » (dixit Florian Duc dans son texte « Ein d'mi siec à Blaton »).

3. Le canal Nimy-Blaton-Péronnes.

Des trois canaux, il est le plus récent et le plus important, le plus animé et le plus attrayant.

Le creusement de cette voie d'eau à grande section, prévoyant la suppression de nombreuses écluses - deux au lieu de dix-huit sur une distance de 47 Km entre Nimy et Péronnes - se réalisa sur le territoire de Blaton en deux tronçons. Débutée avant la guerre de 1940-45 du côté de Nimy et de Baudour, sa première partie entre le Large de Nimy et la « Porte de Garde » de Blaton au lieu-dit « Progrès », fut mise en exploitation dès octobre 1955 avec son inauguration par le Premier Ministre de l'époque, Achille VAN ACKER. La liaison entre Blaton et Péruwelz, où il se confond avec l'ancien canal d'Antoing élargi, débuta en juillet 1958 pour se terminer en mars 1961. Actuellement, l'essentiel de sa navigation est constitué par le transit de clinker entre les sites cimentiers d'Obourg et d'Antoing, ainsi que de vrac comme des mitrailles et du sable, et des produits pétroliers et chimiques.

La promenade depuis « Le Large du Progrès » jusqu'au pont du « Malot », entre le Mont des Groseilliers et la forêt de Bon-Secours, constitue pour le piéton poète, géologue ou simple rêveur, un véritable régal. Par ailleurs, les amateurs de sports nautiques peuvent s'y exercer librement au canotage.

D'aucuns se sont déjà demandé ce qu'était cette imposante construction qui barre le canal à l'entrée du Large du Progrès, la fameuse « Porte de Garde ». Il s'agit tout simplement d'un dispositif de séparation du canal en deux parties pour qu'en cas de fuite importante, son abaissement permette de limiter la vidange de la voie d'eau à la moitié de sa capacité.

Les avantages de cet axe navigable à grande section sont considérables : gain de temps, par la diminution du nombre d'écluses, gain de vitesse, un jour au lieu de trois pour relier Obourg à Antoing, utilisation de bateaux de plus grandes dimensions (maximum 80m X 9,50m) et possibilité de croisement vu la largeur - environ 40m - de péniches de plus grands tonnage (1350 tonnes) à cause du tirant d'eau (2,50m).