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Blaton Patrimoine ASBL en partenariat avec NoTélé

Association pour l'histoire et la sauvegarde du patrimoine culturel, religieux, écologique et archéologique de Blaton.

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La fanfare « l'Union Ouvrière ».

Comme dans la plupart des villages de la région, au caractère industrieux, coincés entre le bassin carrier d'Antoing-Tournai et le Borinage charbonnier, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, les distractions des ouvriers blatoniens n'étaient pas nombreuses. 


Quand ils n'étaient pas agriculteurs, journaliers ou paveurs, ceux-ci étaient occupés aux fosses de Bernissart jusqu'en 1921, date de leur fermeture, puis à celle d'Harchies à partir de son fonçage dès les années 1895 et suivantes.  Leurs loisirs étaient donc partagés entre la colombophilie, le crossage en plaine, l'entretien d'un potager et, enfin, la pratique de la musique.


Tout comme à Harchies, en ce début du XXème siècle, de toute façon avant la première guerre, se formèrent deux phalanges que des divergences politiques et philosophiques opposaient. 


Au village de Blaton, il y eut une fanfare d'obédience plutôt pluraliste, dont les membres étaient surnommés les « gnoufs » (les gens bien), et une autre, socialiste, dont les membres étaient bien entendu les « pas gnoufs.  La première guerre mondiale mit leurs activités en veilleuse. 


Dans l'immédiat après-guerre, soit en 1920, à l'époque des grandes luttes et grèves ouvrières, la première phalange reprit ses activités.  Elle tint ses réunions et répétitions à la Maison du Peuple, sur la place de Blaton, et prit le nom de « Union ouvrière ». 


L'autre prit ses quartiers au « Salon d'en bas », chez Beghin, et fut dirigée, à une époque non précisée, par Floran TRIVIER, père de Désiré TRIVIER, peintre en bâtiment, époux d'Yvette CHOIR, dont les parents exploitaient un chantier naval en contre-bas de la rue Haute.


A l'origine, mais le conditionnel reste de mise au vu du peu d'informations qui nous sont parvenues, les deux formations existèrent indépendamment jusqu'aux environs de l'année 1930. Il semblerait qu'une fusion fut effective par la suite, probablement vers 1930, ce qui ne fit que renforcer les effectifs de l'Union ouvrière. Les activités de cette fanfare se concentrèrent donc à la Maison du Peuple. 


Partant d'une simple clique, elle évolua naturellement vers une formation plus élaborée, avec notamment le concours de musiciens venant de la Grande Bruyère. Vint également se greffer une « école de jeunes », qui se formèrent au contact des chevronnés pour en assurer la relève. On pourrait dire qu'alors, la société quitte le pur « amateurisme » puisqu'elle s'accorde à la direction les services d'Eugène PICRON, lauréat du Conservatoire de Mons, recrute le talentueux Augustin Leturcq, qui, à quarante-cinq ans, suit toujours les cours d'harmonie et est également lauréat du même Conservatoire, et compte une quarantaine de membres dont les six dixièmes n'ont pas dix-huit ans.


Avec l'année 1922, commence l'époque de la participation aux concours. La formation blatonienne s'y distingue régulièrement et grimpe progressivement les échelons des divisions formant la hiérarchie des fanfares. Elle glane les plus belles récompenses : 1922 à Provins (Seine-et-Marne, France), 1926 à Vilvoorde, 1926 à Mons, 1929 à Tournai. Elle attira même l'attention de la Province de Hainaut, qui lui attribua au vu de ses brillants résultats une prime de 1.500 francs en trois annuités. 


La première division fut l'objectif dès 1930 lors de sa participation victorieuse au concours de Château-Thierry (France), qui fut suivi par le même succès au concours de Tournai la même année.  La fanfare fut alors sollicitée pour donner des concerts : Ath, Valenciennes, Saint-Amand, Cambrai, …


Si les effectifs des fanfares entre les deux guerres étaient particulièrement étoffés, cela est dû à un phénomène tout à fait particulier : obtenir un travail au charbonnage était pratiquement conditionné par le fait d'appartenir à une fanfare ou, à tout le moins, s'engager à apprendre et pratiquer un instrument. C'était le cas pour les fosses de la région : Hautrage, Hensies et, bien sûr, Harchies.


La consécration, c'est-à-dire l'accession à la première division, ce fut en 1932, avec le concours « La Coupe d'Orphée » de la ville d'Arras. Nos concitoyens se maintinrent cinq ans dans cette élite. Cela les amena au second conflit mondial qui vit la dispersion des effectifs et la mise en veilleuse des activités. Celles-ci reprirent dès 1945 mais les plus belles heures étaient passées car l'évolution des mœurs, probablement calquées sur celles de nos libérateurs américains, allaient orienter les goûts et les distractions vers d'autres pôles d'intérêt comme la pratique des sports.


L'Union Ouvrière a continué ses activités mais en se cantonnant à des prestations plus locales et moins prestigieuses, à certaines exceptions comme Bavay. La baguette était alors tenue par Augustin Leturcq à qui, au début des années 60, succéda Kléber Michel, également comme ses prédécesseurs lauréats du Conservatoire.

Jusqu'à cette époque, l'Union Ouvrière conserva sa place en première division.

Quant à l'autre fanfare, ses apparitions se limitaient à l'accompagnement des processions locales. Son étiolement nécessita la contribution de l'Union Ouvrière et celle-ci cessa donc avec la disparition de ces cortèges religieux.


Et ce qui devait arriver, arriva. Dans les années 80, les effectifs de l'Union Ouvrière se réduisirent à très peu d'éléments, les jeunes n'étaient plus attirés par ce genre d'activité, le public ne suivait plus.  On aurait peut-être pu éviter le départ de cette jeunesse si le chef de l'époque avait accepté de moderniser le programme comme ce fut le cas dans beaucoup de fanfares, qui ont ainsi, grâce à cette réorientation, réussi à perdurer jusqu'à nos jours.


Il faut également noter que, malheureusement, il n'y avait pas d'école de musique reconnue à Blaton ni dans l'entité, école qui serait devenue une source de talents potentiels qui auraient pu rejoindre alors la fanfare, comme cela se pratique régulièrement ailleurs.


Et la fanfare disparut donc, comme beaucoup de ses semblables.


On pourrait peut-être, mais c'est là l'affaire d'ethnologues, attribuer la désaffection des musiciens en général à la participation à des fanfares locales au fait qu'après la seconde guerre, on assista à d'importants échanges de population entre communes, ce qui aurait pu entraîner un désintérêt pour une activité qui était typiquement villageoise. Ceci expliquerait que certains villages comme Moulbaix et Huissignies, qui n'ont pas nécessairement connu ce type de « migrations », aient pu conserver une phalange digne de ce nom.


Selon Lucienne MENTION, épouse de Gilbert FAGNART et auteur de la légende ci-dessous, il devrait s'agir d'un  concours de fanfares disputé à Arras en 1932.

Le drapeau mentionne : « 1920 BLATON, TRAVAILLEUR LEVE-TOI, VOICI LA LUMIERE, FANFARE OUVRIERE ».


U. O. Arras 1932


De haut en bas et de gauche à droite, sous le porte-drapeau, Fleury Duchatelet


1er rang : Léon Duchatelet, non identifié, Marie-Louise Latteur, Alina Hilereau, Laure Lecocq, Louis Duvivier, Jules Sarot, Oscar Fagnart père, Désiré Bachy, Aimée Duhaut, épouse Colsoul, Léa Wattiez, fille Colsoul René Beugnies, épouse Joseph Beugnies, Albert Sarot


2ème rang : Eugène Dath, ? Willame, Lucien Cange, Sady Merlin, Jean Martinet, Lucien Liégeois, Alphonse Maheu, ? Colsoul, Octave Dewiers, Gaston Detrain, Odon Delatour, Lucien Mention, Henri Degransart, Gilbert Degransart


3ème ranq : Lucien Lambin, Maurice Bachy, Oscar Fagnart, Jules Museur, Alphonse Bachy, Stéphane Wattiez, Raymond Merlin, André Descamps, Lucien Liétard, Paulin Duvivier, Fernand Thuin, Henri Degransart


4ème rang : Georges Descamps, non identifié, non identifié, Désiré Auverdin, René Leimbacq,  Gilbert Fagnart, Lucien Lefrancq, Albin Decourtit, Jean Hocquet, Zacharie Lebailly, Henri Wattiez, Raymond Baugnies, Jules Delatour


5ème rang : Richard Wacheul, Alfred Wattiez, Fernand Wacheul, Alexandre Duc, Fernand Maréchal, Jean-Baptiste Abrassart, Pierre Vercouter, Pierre Van Autrève, Marcel Dewiers, Raymond Martinet, non identifié, Armel Fagnart, Auguste Dewiers, non identifié, Lucien Gabriel, et, tenant la baguette, le chef Eugène Picron.


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